Bilan Synthétique de nos actions en 2017

7 décembre 2017
Bonjour à tous,
En cette fin d’année, nous vous proposons un petit historique et une synthèse des actions du
SAEP durant cette année 2017.
L’actualité reste brûlante du fait de la crise à Presstalis, et l’année semble loin d’être terminée.
À l’heure indécise où la profession doit s’orienter vers de nouveaux changements, nous avons
surtout à coeur de rapprocher nos points de vue avec les autres acteurs de notre métier
(dépositaires, marchands de journaux) et de faire entendre notre voix auprès des pouvoirs
publics.
Voici un résumé de ce que représentent de multiples réunions, rencontres, échanges de
courrier et visites sur le terrain au cours de cette année, et qui vous donnera un point de vue,
je l’espère informatif, sur l’état actuel de notre profession, ses revendications et ses espoirs.
Nous ne devons pas abandonner le sort de nos entreprises à des décisions parfois
incohérentes. Nous agissons quotidiennement et bénévolement pour que l’intérêt commun de
tous les acteurs de la presse, et que les centaines de titres que nous représentons ne soient
pas négligés voire méprisés lors des débats sur l’avenir de la profession.
Dans cette période de fortes turbulences, c’est solidairement que nous parviendrons à
imposer des choix et à sauver nos entreprises.
Rejoignez-nous !
Bien cordialement
Philippe LOISON
Président du SAEP
ploison@arxispresse.fr

Notre représentativité
Le SAEP est né en 2010 d’un collectif d’éditeurs indépendants, réunis en association pour
confronter leurs points de vue et réagir à ce qui semblait des décisions néfastes à nos
entreprises, décisions prises à l’époque par les messageries et le Conseil Supérieur des
Messageries de Presse (CSMP), telles que l’assortiment, la mise à zéro, le plafonnement des
quantités sans prise en compte du potentiel de vente des titres, et autres stupidités pénalisant
les magazines à centre d’intérêt. Surtout, le SAEP portait dans les Assemblées Générales des
Coopératives des messageries la voix discordante des « petits et moyens » éditeurs, c’est-à dire
les entreprises de presse éditant des titres diffusés à moins de 30 000 exemplaires, et
dont la périodicité est généralement supérieure à mensuelle (bimestriels et trimestriels).
Une estimation que nous avons réalisée sur l’année 2016 montre que ces titres de presse
vendus majoritairement au numéro, et que nous éditons chacun dans notre coin, représentent
ensemble 63 % des parutions, 21% des fournis, 12 % des ventes et 25 % du chiffre d’affaires,
soit 300 millions d’euros sur l’ensemble des deux messageries.
En ce qui concerne la vente au numéro, le SAEP est de fait le seul syndicat à représenter la
voix des éditeurs indépendants de presse spécialisée, le Syndicat des Editeurs de la Presse
Magazine (SEPM) représentant essentiellement les grands groupes de presse et la FNPS
regroupant une très large majorité de titres vendus essentiellement par abonnement (presse
professionnelle).
Le ton et la manière des membres du SAEP ont souvent été critiqués, et certains considèrent
même que notre opposition quasi systématique dans les Assemblées générales des
messageries et nos demandes d’explications parfois véhémentes relevaient d’une posture
syndicale, voire d’une obsession, un peu à la manière dont certains syndicats emblématiques
opèrent ailleurs dans la société.
Vous devez toutefois savoir que la transformation de l’Association des Editeurs de Presse en
véritable Syndicat n’a pas été dictée par une ambition politique, mais fût un préalable imposé
par la Direction Générale des Medias et des Industries Culturelles (DGMIC) – M. Laurence
Franceschini en étant alors directrice –, organisme du Ministère de la Culture désigné pour
veiller au respect de la Loi Bichet, qui définit l’activité des messageries de presse et de leurs
instances de régulation. Ce préalable devait nous permettre d’accéder à la représentation
collective de nos entreprises au sein du CSMP. Une fois cette conversion syndicale opérée, les
mêmes responsables nous ont refusé de siéger au CSMP arguant notamment du fait que notre
syndicat n’adhérait à aucune fédération européenne (!) et nous conservons dans le cadre doré
de notre mémoire, la lettre de Mme Franceschini renvoyant le SAEP dans les oubliettes sous
ce genre de prétextes relevant du plus pur mépris.
De fait, on peut être énervés à moins, et les exactions des messageries continuant de plus
belle, avec le soutien actif du CSMP, et plus particulièrement à l’encontre des titres spécialisés
à périodicité longue (décalage des règlements des bimestriels et trimestriels et paiement avec
des billets à ordre au lieu de virements, entre autres…), la contestation impuissante s’est
convertie en action effective. Avec l’aide de bon nombre d’éditeurs non adhérents au SAEP et
hésitant parfois à prendre des positions publiques par peur de mettre en péril leur propre
business, mais qui comme nous se voyaient noyés dans des décisions prises en faveurs
d’entreprises réalisant plusieurs dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires, le SAEP a pris
le pouvoir à MLP lors de l’AG de juin 2016 à la faveur de la démission en bloc du précédent
Conseil d’Administration de la Coopérative.
Pour la première fois depuis de nombreuses années, la messagerie MLP se trouvait enfin
directement administrée par des éditeurs indépendants, qui s’y trouvent pourtant majoritaires
en voix et en nombre de publications depuis toujours mais sans avoir eu jusqu’alors un réel
pouvoir de contrôle. Et les changements n’ont pas tardé à s’opérer en faveur d’une
réorganisation de la messagerie, d’un assainissement de ses comptes, d’un changement de
barèmes pour une grille plus efficiente et plus transparente. Une tâche immense, accomplie
par nos collègues ayant pris la direction de la coopérative, José Ferreira et Roland Le Néel,
dont il est difficile d’imaginer les obstacles qu’ils ont rencontrés et rencontrent encore au
quotidien. Parce que l’orientation qu’ils donnent à la messagerie – une meilleure gestion au
service réel des éditeurs qui en sont collectivement propriétaires – bien que portée par le bon
sens, remet profondément en cause un état de fait : les messageries se sont muées dans les
1990-2000 en mastodontes autonomes, au service de leurs propres intérêts et de celui des
quelques éditeurs qui en contrôlaient les Conseils d’Administration. Le scandale des « contrats
spéciaux » sur lequel nous reviendrons, en est l’illustration la plus magistrale.

Des messageries peu transparentes
La distribution singulière de la presse, qui s’opère verticalement à la seule initiative des
éditeurs, depuis les messageries (niveau I) vers les dépositaires (grossistes – niveau II) et les
diffuseurs (kiosquiers, marchands de presse – niveau III), donne un rôle prépondérant à la
messagerie, à la fois gestionnaire des flux financiers et opérateur central de la distribution.
Dans ce flux de diffusion, les relais du niveau II et du niveau III ne sont pas vraiment considérés
comme des entreprises autonomes, mais comme des « agents de la vente », et dans les faits
ne sont que les réceptacles payeurs des publications mis en vente par les éditeurs (flux aller),
et les réexpéditeurs de leurs invendus (flux retour).
La gestion de la distribution de la presse et la répartition du produit de la vente, sont tout à
fait originales, et pratiquement les seules de ce type dans le monde : la vente n’est considérée
que comme la différence entre la quantité mise en vente et les invendus retournés en fin de
vente (relève). Au contraire de tous les autres secteurs économiques, où la vente est associée
de manière simultanée à l’acte d’achat lors du passage du client en caisse, dans le domaine de
la presse, la vente est déterminée à posteriori de l’acte d’achat par la comptabilisation des
invendus. De fait le constat de la vente réelle s’effectue avec un décalage pour tous les
périodiques, et ce décalage est très important pour les publications à périodicité longue.
Le système fonctionne ainsi sur les bases suivantes :
– le diffuseur est facturé de 100 % des exemplaires mis en vente dès la livraison au point de
vente (idem pour le dépositaire).
– le diffuseur relève chaque jour les quantités d’invendus qu’il retourne au dépôt, et qui lui
sont re-crédités. Il doit alors acquitter la différence, qui est le produit de la vente, et ceci pour
chaque publication.
– en contrepartie, le diffuseur perçoit une commission de 13 % du produit de la vente,
éventuellement assortie d’une sur-commission selon des critères de qualification du point de
vente (les enseignes type Mag presse et Relay quant à elles perçoivent des commissions
supérieures allant jusqu’à 30 % du produit de la vente). Cette sur-commission qui représente
30 à 40% de leur rémunération est payée deux fois par an, avec 7 à 9 mois de retard par
rapport aux ventes.
– l’éditeur quant à lui se voit réglé du produit de la vente sous deux formes, d’une part une
« avance » basée sur l’historique du résultat de la publication (ou une estimation forfaitaire
basse pour une nouvelle publication), d’autre part le « solde » du produit de la parution une
fois comptabilisés les invendus.
La messagerie se révèle ainsi un organisme qui gère les flux d’une énorme quantité de
publications, mais qui surtout est un intermédiaire bancaire majeur, alimenté d’une part par la
facturation aux points de vente de 100 % des exemplaires distribués et d’autre part par la
restitution aux éditeurs du produit de la vente, et aux agents de la vente de leurs diverses
commissions, avec plusieurs semaines et souvent plusieurs mois de décalage. Un énorme
trésor à portée de toutes les tentations…
Surtout, la distribution de la presse représente ainsi un système très particulier dans le
contexte générale de l’économie, qu’il est facile aux messageries de faire apparaître d’une
extrême complexité, par la multiplication des catégories de produits distribués dans son
réseau, par la diversité des modes de règlement, etc… De fait, les éditeurs, dont bien peu ont
les compétences techniques ou les informations nécessaires pour comprendre au fond de quoi
il retourne, se font souvent balader lors des conseils d’administration des messageries, qui par
des responsables informatiques racontant à peu près ce qu’ils veulent, qui par des logisticiens
qui prennent des décisions obscures pour des raisons échappant à l’entendement moyen,
pour peu qu’il ne s’agisse pas dans l’arrière-cour de petits arrangements entre soi.
Et notre plus grande surprise lorsque nous avons essayé d’avoir une vision globale des
problèmes posés, a été de constater qu’au-delà d’une tendance naturelle à ne considérer que
leurs propres intérêts, les responsables des grands groupes d’édition qui ont longtemps
conservé une maîtrise sans partage des messageries sont très loin d’avoir la moindre maîtrise
de ce qu’elles font dans la réalité quotidienne de leur activité. Ceci explique qu’une entreprise
comme Presstalis continue à perdre de l’argent malgré les apports réguliers d’argent frais par
l’Etat à des plans de transformation qui ne produisent jamais d’économies. Le fruit sans doute
de peu d’intérêt collectif, de beaucoup de laisser-aller et d’une dose élevée d’incompétence…

Nos actions en 2017
Du fait du transfert de nos dirigeants du bureau du SAEP à la présidence de la Coopérative, le
bureau a été renouvelé en décembre 2016. Nous avons profité de cette situation inédite pour
comprendre davantage en profondeur et en détail, grâce à des rencontres avec de multiples
acteurs passés et actuels de la profession, où se situaient les problèmes rencontrés par la
filière de distribution de la presse, afin d’en comprendre les implications pour nos entreprises,
et de faire reconnaître nos points de vue.

Appels à la représentativité
Nous avons une nouvelle fois tenté d’obtenir en mars 2017 la représentation du SAEP dans
l’instance de régulation de la filière, le CSMP, après une rencontre avec son Président, M.
Jean-Pierre Roger, et un courrier au Directeur de la DGMIC M. Martin Adjari, dont voici un
extrait :
(…) Avec 1 seule voix accordée à la FNPS – dont l’essentiel des membres ressortent d’une presse
professionnelle vendue par abonnement – la composition du collège Editeurs au CSMP est
nettement inadaptée aux 25 % de chiffre d’affaires que représentent les éditeurs indépendants.
Nous en avons très récemment fait la remarque, chiffres à l’appui, auprès de M. Jean-Pierre Roger,
président du CSMP, qui nous a fait la promesse de vous entretenir à ce sujet.
Je vous remercie de bien vouloir considérer la nécessité d’accorder à notre institution la place
qu’elle mérite au sein du Conseil. Et j’ajouterai qu’il a été opposé à mes prédécesseurs des
arguments de rejet assez affligeants, dont j’espère, au vu de la gravité de la situation, qu’il ne nous
seront pas servis à nouveau. (…)
Nous n’avons jamais eu de réponse de M. Adjari (comme à aucun de nos courriers et
messages à la DGMIC d’ailleurs…)
Toutefois, ayant régulièrement transmis toutes nos demandes et analyses aux différentes
instances (Autorité de Régulation de la Presse (ARDP), Ministère de la Culture, premier
Ministre…), nous sommes aujourd’hui un interlocuteur régulier des pouvoirs publics autour de
toutes les questions d’actualité de la filière.
L’affaire des contrats spéciaux
Le début d’année a été marqué par l’affaire des « contrats spéciaux ». Lors des AG de MLP en
2016, il est apparu que certains éditeurs avaient bénéficié de la restitution d’une importante
somme d’argent en contrepartie de leur fidélité à la messagerie et de la prise en compte par
celle-ci de l’importance de leur chiffre d’affaires. Ce concept de « marge arrière » réalisée en
dehors de tout cadre coopératif via un « contrat spécial » annulait de fait la contribution
financière de ces éditeurs à la messagerie, échappant ainsi aux barèmes appliqués à tous les
éditeurs et soumis à ce titre à une stricte égalité de par la loi. Le conseil d’administration de
MLP a porté l’affaire devant le CSMP, car les contrats étant couvert par des clauses de
confidentialité, ils ne pouvaient pas faire l’objet de décisions unilatérales de sa part. La
situation s’est révélée identique à Presstalis, obligée de reconnaître que des contrats spéciaux
étaient négociés par des éditeurs faisant jouer la concurrence entre les deux messageries.
Notre propre action auprès de nos interlocuteurs des pouvoirs publics a contribué à obtenir
du Ministère une action effective, et le représentant du gouvernement au CSMP a exigé que
cessent immédiatement ces pratiques.
Le CSMP a été ainsi contraint dans l’urgence de prendre une décision mettant fin aux contrats
spéciaux, tout en feignant d’ignorer que ces pratiques existaient (!).
L’avantage dont bénéficient les gros contributeurs à l’activité des messageries est désormais
intégré dans les barèmes. Nous l’avons voté en Assemblée Générale de MLP en septembre
2017 afin que les barèmes soient le plus rapidement possible mis en oeuvre au bénéfice de
tous les éditeurs. Mais nous restons opposés sur le fond à toute différence de traitement entre
éditeurs en fonction du volume d’affaires qu’ils apportent à la messagerie, bien que cette
position ne fasse pas l’objet d’un consensus : on peut considérer que les gros volumes confiés
à la messagerie aident à alléger ses coûts de structure ou à mieux remplir les camions, on peut
aussi considérer qu’ils sont la source de ces coûts et de ces frais de transport…
Il est important de savoir que les barèmes de MLP approuvés par les éditeurs en Assemblée
Générale ont fait l’objet d’une opposition opiniâtre de la part du CSMP sous le prétexte qu’ils
pourraient compromettre l’équilibre financier de la messagerie. La santé financière des
messageries – dans le sens qu’elles contribuent à l’équilibre de la filière de distribution de la
presse – fait partie des prérogatives du CSMP via la révision d’avril 2015 de la loi Bichet. Mais
son acharnement manifeste sur MLP et ses nouveaux barèmes était inexplicable.
Nous analysons différemment cette opposition frontale : les barèmes de MLP sont désormais
basés uniquement sur des unités d’oeuvres (c’est-à-dire sans aucun prélèvement en
pourcentage du prix de vente d’une publication, à l’exception de la péréquation et autres
ponctions dont celui qui sert à financer le CSMP, ces ponctions ne dépendant pas de la
messagerie). Au final, les barèmes de MLP ressortent avec un avantage de 1 à 2 % sur les
barèmes de de Presstalis. Cette situation est très variable selon le type de publication et son
prix de vente, mais ce différentiel ne peut apparemment pas être compensé par une offre
concurrentielle de Presstalis. Le CSMP (en résumé CSMP = éditeurs du SEPM = éditeurs de la
CDM = administrateurs de Presstalis) cherche obstinément à trouver un artifice de
rééquilibrage en faveur de cette messagerie. Après des semaines d’inquisition administrative
et financière mettant au supplice ses dirigeants, les barèmes de MLP ont finalement été
validés par le CSMP et l’ARDP. Malgré toutes les tentatives de leur trouver de graves défauts,
il n’y avait rien à leur reprocher et ils sont finalement la conséquence d’une entreprise qui a su
affronter la réalité et adapter rapidement sa gestion aux conditions difficiles du marché.

Le projet « Superettes »
Le CSMP déploie une forte activité pour permettre aux éditeurs qu’il représente d’augmenter
leurs volumes de diffusion quel qu’en soit le coût pour la collectivité des éditeurs et pour la
filière dans son ensemble.
Ainsi est apparu en juin 2017, un projet porté par le SEPM et validé par une décision à suivre
du CSMP concernant l’ouverture de points de vente dans les supérettes de centre ville, ce que
l’on a dénommé le « projet Supérettes ». L’objectif annoncé était de permettre de compenser
la disparition des points de vente de presse de centre ville, en ouvrant des rayons dans les
supérettes type Monop’ et Carrefour City. Rayons dans lesquels évidemment il n’était pas
possible de représenter l’ensemble de l’offre de titres de presse, mais au contraire une
sélection de 100 à 300 titres déterminée sur un panel de diffusion. Le projet, excessivement
flou dans sa définition opérationnelle, a rencontré une opposition immédiate de la part des
marchands (kiosquiers et magasins) risquant d’être directement impactés sur leur chiffre
d’affaires par l’ouverture d’un point de vente des titres les plus diffusés dans leur zone de
chalandise, et par nous, parce qu’il était évident que nos titres ne seraient pas représentés
dans ces points de vente, d’où une évidente distorsion de concurrence.
Nous avons largement exprimé notre opposition auprès de l’ARDP, du Ministère de la Culture,
et pris le temps d’échanger avec kiosquiers (manifestation avec les kiosquiers devant le CSMP)
et marchands de presse (en particulier avec les membres de l’Association pour l’Avenir des
Diffuseurs de Presse (AADP) qui défend les intérêts des marchands de presse). L’ARDP a
finalement rendu un avis contraire à la décision du CSMP, puis confirmé cette censure face à
l’insistance du CSMP sur le bien-fondé d’un tel projet (!). Le projet Supérettes est actuellement
passé sous silence, mais nous ne doutons pas que ceux qui l’on porté fassent dans le même
esprit tout pour libéraliser totalement le marché de la presse magazine, le point suivant de cet
exposé en atteste. Nous resterons vigilants, car notre activité dépend fondamentalement du
professionalisme des marchands de presse, capables de préserve la présence de nos
publications dans leurs rayons, ce que ne fera pas la grande distribution.

L’inflation des hors-séries
Autre décision du CSMP au service des grands groupes d’édition, le doublement des
publications admises comme hors-séries d’un titre maître. Nous nous sommes fermement
opposés à ce projet pour des raisons objectives qui sont exposées dans cet extrait du courrier
que nous avons adressé à l’ARDP le 20 juin 2017 :
(…) Le CSMP vient de prendre, sans information publique préalable ni appel à contribution, la décision
en référence n°2017-02 qui est soumise à votre approbation. Cette décision augmente pour les éditeurs le
nombre de hors-séries pouvant être admis aux conditions de distribution de la presse, dans des
proportions considérables. Cette décision unilatérale du SEPM majoritaire au sein du CSMP n’a pas
l’approbation des petits et moyens éditeurs que représente notre syndicat, loin s’en faut.
En effet, nous sommes majoritairement éditeurs de titres de presse à centres d’intérêt s’adressant à un
public spécifique acheteur de nos magazines, avec des périodicités bimestrielles et trimestrielles. Pour
nous, il n’y a aucun intérêt à multiplier les publications hors-séries admises en « produit presse », d’autant
que nous n’avons assurément pas les moyens d’en doubler le nombre de parutions annuelles.
Nous ne pouvons que craindre avec cette manoeuvre une concurrence frontale des éditeurs du SEPM sur
les thématiques de nos magazines, s’il s’avérait possible pour un puissant éditeur de mensuel de produire
12 hors-séries par an autour d’un titre maître qui n’a parfois que 9 à 10 parutions régulières, et jusqu’à 18
hors-séries pour des périodicités plus courtes. La définition-même du « produit presse » longuement
négociée par la profession pour encadrer les hors-séries, ne serait plus respectée.
Nous souffrons déjà d’une problématique de copies de formules et de concepts originaux par certains
grands éditeurs proposant des hors-séries de circonstance à leur marque aux temps fort de la saison, en se
permettant des mises en place massives servant à capter un lectorat directement prélevé sur le champ
d’exploitation des magazines spécialisés, qui paraissent avec régularité toute l’année. Valider une telle
décision reviendrait à ouvrir les vannes de cette duplication et à amplifier une distortion de concurrence
déjà largement au détriment de nos entreprises. (…)
Suite à ce courrier, nous avons pu défendre notre point de vue lors d’une convocation devant
l’ARDP. Nos arguments ont été entendus mais hélas sans succès, l’ARDP ayant davantage une
position juridique face aux décisions du CSMP qui sont soumises à son approbation, et une
moindre exigence, voire une absence totale d’intérêt, pour des considérations économiques.
La décision étant validée, l’ouverture des vannes n’a pas tardé et à titre d’exemple, voici le
courrier que notre Vice-Président a adressé à la Commission Paritaire puis à l’ARDP le 20
septembre dernier :
(…) Je suis un éditeur axé principalement Presse animalière.
Mes titres, sous ma signature, respectent scrupuleusement les conditions d’obtention d’un n° de
Commission Paritaire : ratio rédaction / publicités, matière rédactionnelle apportant de l’information basée
sur l’actualité, rédaction en relation avec le titre, périodicité rigoureusement régulière, conformité en
matière de recrutement d’abonnements,e tc…
Or je constate la présence en linéaires, actuellement, de deux Hors séries, l’un sur les chiens, l’autre sur les
chats, sous le titre « Télé-poche » qui n’affichent donc aucun lien avec leur titre prédominant.
Ces deux hors séries ne contiennent aucune notion d’actualité, et il suffit de lire les crédits photos, à savoir
Fotolia (site internet proposant des photos très bon marché à qui veut bien les acheter..!) pour se rendre
compte que Télé Poche (qui n’est pourtant pas n’importe qui ..!) n’a pas eu l’intention de mettre en
linéaires un produit « Presse », mais plutôt un produit « encyclopédique » ou « livre »…
Dans ces conditions, comment se fait-il que figure dans l’ours de ces deux publications un n° de
Commission Paritaire, à savoir 0917R82011 ?
J’estime qu’il s’agit là d’un acte de concurrence déloyale, l’éditeur en question ne remplissant
manifestement pas les conditions d’obtention d’un n° de CPPAP pour la mise sur le marché de ces 2 hors
séries, conditions auxquelles nous nous conformons pourtant, nous « petits éditeurs ». (…)
Autre exemple de ces excès qui n’en sont qu’à leurs prémices, une opération de promotion a
justifié un courrier que nous avons adressé au Président de l’ARDP fin octobre :
(…) M. Jean-Pierre Roger, président du CSMP, conteste ces jours-ci auprès de l’ARDP la décision de
censure que vous avez prise à l’encontre de sa Décision relative au « Projet Supérettes » et demande à
être reçu au nom de la représentation des seuls syndicats dont il est la servile courroie de transmission.
Le SAEP, syndicat d’éditeurs de presse indépendants, et principalement de magazines à centre d’intérêt,
dont 80% du chiffre d’affaires est représenté par les ventes dans le réseau de distribution de la presse,
reste fermement opposé à ce projet totalement mortifère pour les marchands de journaux, et qui contrevient
directement à la pluralité de la presse.
Pour illustrer ce que les membres du SEPM entendent produire avec ce type de points de vente sélectifs et
avec le doublement des hors-séries suite à la validation de la décision du CSMP par l’ARDP – que nous
regrettons profondément -, voici une opération qui a lieu en ce moment et qui doit servir de test.
En voici un extrait du descriptif publié par l’UNDP :
Le Syndicat des Éditeurs de la Presse Magazine (SEPM), organise du 19 octobre au 19 novembre l’automne
de la presse culturelle dans 115 maisons de la presse et magasins Mag presse.
A cette occasion, huit titres de la presse culturelle et de la connaissance sont mis en avant pour être
(re)découverts par les lecteurs : Beaux-Arts Magazine, le hors-série de Beaux-Arts Magazine sur Gauguin,
Cerveau et Psycho, le hors-série de L’Express sur Astérix, le hors-série de Paris Match sur René
Goscinny, Philosophie Magazine, le hors-série de Philosophie Magazine sur Gaston Lagaffe et Pour
La Science. (…)
Soit 4 magazines et 4 hors-séries de grands éditeurs, on est loin d’une opération collective altruiste.
On peut douter que certaines références appartiennent réellement à la « presse culturelle et de la connaissance
», mais surtout constater que les hors-séries de l’Express, de Paris-Match et de Philosophie Magazine
ayant pour thème la bande dessinée, concurrencent directement et avec de fait une puissance écrasante
les magazines de la presse spécialisée de bande dessinée.
Nous ne doutons pas qu’à l’avenir tous les centres d’intérêt de nos magazines spécialisés vont ainsi
passer à la moulinette des brillants éditeurs du SEPM et de la SPQN qui n’auront qu’à se pencher dans les
rayons pour y puiser sur nos unes de journaux à parution régulière des thèmes pour leurs hors-séries de
circonstance. (…)
Nos discussions avec les marchands de presse de l’AADP nous ont permis de déterminer une
autre origine à cette décision de multiplier les hors-séries : les produits en question sont déjà
proposés dans le réseau par les éditeurs concernés, mais le quota, auparavant plus limité de
hors-séries qu’ils étaient autorisés à associer au titre-maître de leur publication, les obligeait à
proposer une part prépondérante de ces produits en codification AL (Assimilés Librairie). En
doublant le nombre de produits codifiés en H (hors-séries), ils font passer automatiquement
pour ces produits le taux de commission de base des diffuseurs de 23 % à 13 %. Il n’y a pas de
petites économies…

Le suivi de la situation à Presstalis
Le SAEP réunit des éditeurs dont les titres sont distribués par les deux messageries. Éditeur
d’un trimestriel distribué par Presstalis, et président du SAEP, j’ai assisté depuis février 2017
aux réunions du Comité d’Orientation de la CDM (Coopérative des Magazines) qui est
l’administrateur principal de Presstalis (la Coopérative des Quotidiens étant l’autre
administrateur, minoritaire). Lors de ces réunions où sont dispensées des informations
prétendument confidentielles, mais de fait destinées à circuler dans la profession, et dans le
cadre d’un exposé circonstancié de la situation du marché mois par mois, on ne peut que
rester atterré de découvrir qu’aucun des administrateurs censés piloter Presstalis ne semble
réellement maîtriser le propos.
En tant qu’entrepreneurs indépendants aux prises quotidiennement avec des difficultés de
toute nature et des choix imposant des décisions rapides, on reste pantois devant ses grandes
entreprises américaines type Yahoo dont les conseils d’administration laissent faire n’importe
quoi aux dirigeants de l’entreprise jusqu’au point de non-retour. Pas besoin de se bercer
d’illusions sur un modèle français plus exemplaire, nous avons pareil chez nous avec Presstalis.
Pour qui connaît un peu l’historique de l’ex-NMPP, il est facile d’admettre que cette entreprise
est plombée par une situation déficitaire historique.
Mais on peut difficilement comprendre que toutes les décisions prises soient contraires au
simple bon sens. Il est à ce titre assez choquant pour un éditeur indépendant de découvrir de
l’intérieur que les administrateurs n’ont aucun pouvoir réel sur la technostructure de la
messagerie – c’était déjà le cas à MLP anté-2016 où les éditeurs se voyaient répéter à
longueur d’AG que la messagerie était « au service des éditeurs », ce qui était évidemment un
mensonge –.
Les cadres dirigeants de la messagerie s’adressent lors de toutes les réunions qu’ils ont avec
leurs administrateurs à des représentants des éditeurs qui sont d’abord des managers
financiers, plus à même de détailler un résultat net d’exploitation et un bilan que de se muer
en experts de la logistique de transport ou des bases de données informatiques. Il est ainsi
facile aux cadres de l’entreprise de faire à peu près tout ce qu’ils veulent dans la mesure où ils
font valoir au bout de leur raisonnement global un réel gain économique pour la messagerie.
On assiste ainsi à un vaste jeu de dupes entre ceux qui ont envie de croire (les éditeurs) et
ceux qui feignent de croire (la direction de la messagerie), du moment que la profession
donne l’impression, surtout vis-à-vis de l’Etat qui verse au pot commun, qu’un plan de
modernisation est parfaitement suivi et va donner des résultats tangibles.
Hélas le bon sens, que notre propre activité d’éditeurs nous oblige à constamment prendre en
compte, semble totalement mis à l’écart.
Exemple n°1.
Nous avons tous entendus parler de « décroisement des flux ». Le concept en est simple : les
deux messageries organisant chacune les mêmes tournées de camions vers les mêmes dépots,
dont il avait été décidé de réduire le nombre par deux dans le cadre du vaste plan de
restructuration aidé par l’Etat, il y avait matière à économie à se répartir le papier en fonction
des destinations pour dédoubler les livraisons. Dans la réalité, cela fonctionne.
Mais au contraire de MLP qui, pour la part qui lui revient se base sur les dépots de son propre
réseau Alliance et sur des dépôts régionaux indépendants, Presstalis a décidé de sous-traiter
ses flux aller à quelques plateformes régionales, et de regrouper le traitement des invendus
sur une unique plateforme. L’idée générale en vigueur à Presstalis : industrialiser et « massifier
les flux » de manière à regrouper l’activité sur quelques points-clés du territoire. Et
d’acronymes anglo-saxons qui vont bien en démonstrations chiffrées édifiantes, voilà les
plateformes Presstalis entrer en fonction, un peu comme des bulldozers dans le paysage
national, certains dépositaires régionaux mis à l’écart peuvent en témoigner.
Hélas, le concept de la massification ne fonctionne que si les volumes distribués sont
constants, voire en augmentation. Mais si le marché baisse, ce qu’il fait depuis dix ans et
continuera à faire un certain temps, les grosses unités de traitement du papier, assortis d’une
certaine proportion de coûts fixes constants n’offrent pas la souplesse d’adaptation de petites
unités régionales et locales. Cette erreur de stratégie dont on ne cherchera pas qui l’a laissée
s’imposer faute de trouver un responsable, n’apporte aucune économie, au contraire. Et
enfonce Presstalis dans le rouge.
Exemple n°2.
Nous avons tous entendus parler de la rénovation du « Système Informatique Commun (SIC) »,
en remplacement de SP2000, logiciel datant des années 1990 devenu obsolète. Ce système
est destiné à gérer toute l’activité de la filière (planification, distribution, comptage et
facturation), il est présenté par tous comme d’une extrême complexité (ce qui pourrait
étonner un spécialiste des bases de données…), cette complexité justifiant un montage
logiciel assez étrange et un coût faramineux (25 M€).
Conçu au sein de Presstalis de manière unilatérale sans réelle concertation avec MLP – qui a
refusé d’y participer considérant son propos mal défini et son coût trop élevé –, ni avec des
représentants de ceux qui en dépendent, dépositaires et diffuseurs, ce système est donc
devenu le SI (ayant perdu le C de commun) dont la mise en service généralisée à tous par
Presstalis était prévue pour juin 2017. Imaginé pour procurer de conséquentes économies en
fonctionnement, le SI a été planifié en deux étapes : d’une part la gestion des quotidiens,
d’autre part la gestion des publications (magazines).
Dès le premier exposé du projet, il nous est apparu évident que le système avait sans doute
été conçu pour ne jamais fonctionner pour les magazines. Nous avons cherché alors à en
analyser la raison. Elle apparaît assez assez évidente : dans l’idéal de son cahier des charges,
ce système informatique donne à chaque éditeur une vision effective en temps réel d’où se
trouve son papier et de ce qu’il est en train de faire (vendre/pas vendre), et établit une
possibilité de dialogue direct entre l’éditeur et le point de vente (donc une opportunité de
régulation des quantités). Ce serait donc la négation définitive, d’une part de la toute
puissance de la messagerie pour s’interposer dans les flux entre le producteur et le vendeur,
d’autre part de la capacité des grands groupes médias de baser leur modèle sur une diffusion
de masse à grands volumes croissants vers le maximum de points de vente.
La conclusion sans appel était évoquée en juin et confirmée en octobre dernier : le module
prévisionnel du SI, prévu pour permettre la planification de la distribution des magazines ne
fonctionne pas, et la facturation et le paiement tournent encore tant bien que mal (plutôt en
mal) sur l’ancien système, en attente d’une nouvelle solution miracle qui n’a pas encore été
décidée par la nouvelle direction de Presstalis. Et le module permettant un dialogue entre
éditeurs et diffuseurs… on verra plus tard.
Aujourd’hui, avec plus de 300 millions de dette financière, une trésorerie en difficulté et la
perspective de pertes de plusieurs dizaines de millions d’euros en 2017, Presstalis est dans
une telle situation que l’Etat a diligenté en septembre dernier une mission d’urgence à M.
Gérard Rameix Conseiller Maître à la Cour des Comptes (et ex-président de l’ARDP) pour
déterminer les moyens de sauver la distribution de la presse. Le sujet nous concerne tous,
parce que même si vos titres sont distribués par MLP, du fait du décroisement des flux ils
transitent par les plateformes et dépôts de Presstalis (SAD, Soprocom) et sont gérés au moins
partiellement dans son système informatique obsolète.

Sauvegarder l’activité des petits et moyens éditeurs
Nous avons à diverses reprises écrit au Premier Ministre, aux Ministres de la Culture successifs
(Mme Françoise Nyssen ayant remplacé Mme Audrey Azoulay) ainsi qu’à l’ARDP, pour
contester les décisions du CSMP et remettre en cause la composition de cet organisme.
Devant le risque majeur que représente une défaillance de Presstalis, voire un blocage de son
activité, nous avons pris l’initiative d’écrire au Président du CSMP M. Jean-Pierre Roger
(courrier transmis à toutes les autorités compétentes) une demande dont voici les extraits :
(…) La situation financière de Presstalis, qui met en péril la distribution de la presse dans son ensemble,
place dans une situation particulièrement critique les petits et moyens éditeurs.
En effet, au-delà de sa situation déficitaire chronique, les problèmes posés par l’obsolescence du système
informatique de Presstalis, par le décalage des mises en vente décidé unilatéralement par la messagerie
sans aucune consultation des éditeurs concernés, et la désorganisation qu’ils entraînent sur l’ensemble de
ses plateformes et dépôts risquent de provoquer à très brève échéance la faillite de plusieurs dizaines
d’entreprises. Il me revient en ce moment des témoignages alarmants sur des anomalies exceptionnelles
de mises en vente, de retraits de publications ou d’erreurs de comptage des invendus. Ils n’ont
d’explications que dans l’indisponibilité du nouveau système informatique, actuellement inopérant pour
les éditeurs de publications, et dans les dysfonctionnements profonds de la messagerie. Surtout, les
éditeurs ne disposent d’aucun moyen de contrôle de l’état réel de la distribution de leurs publications leur
permettant de prévoir et d’agir pour en corriger les défauts éventuels.
(…) Vous n’êtes pas sans savoir que les très petites, petites et moyennes entreprises de presse concernées
ne disposent pas de fonds propres suffisants leur permettant d’absorber une baisse totalement imprévue
dans le flux de leur trésorerie.
Dans les faits, une défaillance de Presstalis ou les conséquences financières d’erreurs irrécupérables dans
la distribution et le règlement des publications risquent d’être mortels pour des dizaines de titres, ce qui
ne ferait qu’aggraver la situation globale de la filière.
Du fait des missions qui lui sont confiées par la loi Bichet, le CSMP porte dans les faits la responsabilité
de permettre à tous les éditeurs de presse, y compris aux plus modestes d’entre eux, d’être distribués dans
le réseau et de percevoir la juste part de la vente des publications qu’il leur revient. Et dans le cas
d’espèce, de permettre aux petits et moyens éditeurs de poursuivre leur activité sans risquer le défaut de
paiement à leurs employés ou leurs fournisseurs, pour des raisons qui ne tiennent pas à leur propre
responsabilité d’entreprise.…/…
Je vous demande donc instamment, dans le cadre des prérogatives du CSMP et dans une situation de crise
sans précédent, de prendre d’urgence des mesures de sauvegarde destinées à préserver la capacité des
petites et moyennes entreprises à s’adapter et à survivre à court terme. Ces décisions, à arrêter dans les
plus brefs délais, doivent concerner en priorité les titres diffusant à moins de 30 000 exemplaires, mais le
CSMP est en mesure d’en déterminer la jauge en fonction de la représentation des titres concernés à la
Coopérative Des Magazines et dans le volume d’affaires de Presstalis.
Ces décisions sont de nature à permettre aux entreprises concernées qui le souhaiteraient de réorienter
rapidement la distribution de leurs titres, sans être pénalisées dans leur trésorerie immédiate par les
reports de soldes de règlement par les messageries :
– Il s’agit d’une part, d’une décision mettant fin au délai de préavis de changement de messagerie pour les
publications concernées,
– Et d’autre part, son corollaire impératif, une décision imposant aux messageries le règlement de 85 % du
solde de la parution à la relève du titre, sans délai de paiement, par virement.
Il est probable que le volume d’affaires que représentent les publications concernées à Presstalis soit assez
faible pour ne pas compromettre davantage l’équilibre de l’entreprise (…)
Cette demande n’a pas reçu de réponse à ce jour

Dernière heure
Presstalis ampute les règlements des éditeurs de 25 % des soldes et avances en décembre
et en janvier 2018 !
Presstalis a obtenu cette semaine du Tribunal de Commerce la nomination d’un mandataire
adhoc, attestant que la messagerie était au plus proche de la cessation de paiement. Le
Conseil d’Administration de la messagerie a imposé de drastiques mesures d’économies – une
nouvelle fois sur le dos des éditeurs dans leur ensemble –- et la nouvelle directrice générale
de Presstalis, a adressé ce 6 décembre un courrier à tous les éditeurs, dont voici l’extrait :
Scandalisés par cette décision unilatérale qui condamne beaucoup d’entre nous à de graves
difficultés de trésorerie, nous avons adressé ce courrier à la Direction Générale de Prestalis le
7 décembre :
(…) Madame la Directrice Générale,
Le courrier que vous avez adressé par e-mail ce 6 décembre 2017 aux éditeurs dont les titres sont
distribués par Presstalis appelle de notre part les remarques suivantes :
– L’application d’une retenue de 25 % sur les recettes des éditeurs soumis au lissage, que le Conseil
d’Administration a décidé sans la moindre information préalable ou consultation de nos représentants, va
provoquer la cessation de centaines de titres et la disparition immédiate de plusieurs dizaines
d’entreprises de presse. Au-delà de son aspect dramatique sur le plan social, une telle décision va amputer
la filière dans son ensemble des ressources que procurent ces titres, à forte valeur faciale, et qui sont loin
d’être négligeables dans le compte d’exploitation de l’entreprise que vous dirigez.
– Vous prenez pour hypothèse un règlement futur de la situation de Presstalis à un horizon incertain – via
sans doute l’abandon miraculeux de sa dette par ses créanciers ou son renflouement par l’Etat – ce dont
nous sommes légitimement en mesure de douter.
– Les modalités de la contribution globale des éditeurs n’apparaissent pas être répartis de manière
uniforme entre les éditeurs. Je suggère que vous nous apportiez les éclaircissements nécessaires à ce sujet
dans un souci de transparence.
– Je ne doute pas du dévouement des grands groupes d’édition à la cause du sauvetage de Presstalis, et
j’imagine qu’ils ont à coeur de prendre sur leurs épaules une contribution majeure à son redressement
puisqu’ils en sont les principaux responsables, n’ayant rien fait jusqu’alors pour assurer une saine gestion
de la messagerie. Ils peuvent sans doute faire mieux, dans l’intérêt commun de préserver l’ensemble des
entreprises de la filière.
– Il n’apparaît pas dans votre message de mention concernant une contribution exceptionnelle des
personnels de Presstalis et de ses filiales à l’effort collectif. Nous devons imaginer que tous recevront
leurs primes de fin d’année, leurs treizième voire quatorzième mois de salaire, tandis que nos confrères
seront dans l’incapacité de payer les salaires de décembre de leurs collaborateurs et d’eux-mêmes, ni de
régler leurs fournisseurs.
– Je compte sur votre compréhension des problèmes posés par cette décision, et sur sa révision immédiate
en faveur des petites entreprises qu’une telle ponction condamnerait dans l’instant. À défaut, nous serons
contraints d’ester en justice pour en contester l’application. (…)
Chacun d’entre vous peut comprendre l’urgence à nous réunir que j’ai évoquée dans le
préambule de ce mémo…

Réorganiser la distribution de la presse

Au-delà des mesures urgentes qu’il faut espérer de la part des pouvoirs publics pour mettre
fin au dérives de Presstalis, nous assumons un rôle actif dans la manière de considérer à
l’avenir la distribution de la presse. Là où d’autres campent sur des positions hégémoniques et
ne souhaitent pas remettre en cause le modèle économique d’un réseau dont ils tirent profit
sans contrepartie, nous pensons que la réorganisation de la filière doit s’opérer autour des
professionnels qui en dépendent vraiment. Nous représentons cette voix actuellement pour
les éditeurs de la presse à centre d’intérêt, dont nous savons tous qu’elle représente la frange
de presse imprimée qui ne disparaîtra sans doute pas et continuera encore longtemps à être
vendue au numéro.
Dans ce contexte professionnel, le changement de gouvernement a induit une prise en
compte nouvelle des problèmes liés à notre activité d’éditeurs de presse. Il est important que
le maximum d’entre vous nous rejoignent pour nous permettre d’exercer une influence
majeure sur les décideurs, face à des lobbyistes organisés pour induire des choix qui ne sont
pas les nôtres, et compromettent chaque jour davantage l’existence de nos entreprises.

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