Rémunération des diffuseurs de presse

Saint-Mandé, le 16 novembre 2013

Contribution du S.A.E.P sur l’évolution des conditions de rémunération des diffuseurs de presse

Si nous voulons améliorer les conditions de rémunération de notre filière, il faudrait reconsidérer l’ensemble de l’équation posée entre les Editeurs, les Messageries et le Réseau. Notre système de distribution s’appuie sur un marché fragilisé par la baisse de son chiffre d’affaires avec des charges de distribution en hausse.

Si nous prenons qu’une partie de la filière pour exprimer un problème de rémunération, on ne pourra que constater un déséquilibre entre les différents niveaux et un sentiment d’injustice pour certains d’entre eux.

Il faut d’abord étudier la rationalisation des coûts pour l’ensemble des acteurs entre le niveau 1 (Messageries) le niveau 2 (Dépôts) et les diffuseurs (Niveau 3) afin de définir la charge que peuvent supporter les éditeurs qui sont à l’origine du chiffre d’affaires réalisé par le réseau et les seuls à prendre la responsabilité d’une prise de risque des produits mis sur le marché.

Nous pouvons évoquer la baisse de rémunération des diffuseurs de presse en prenant en compte tous les éléments qui ont conduit à cette dégradation du niveau 3. Les options prises par le CSMP n’ont pas toujours été des modèles d’amélioration de notre système de distribution, et certaines décisions ont impacté gravement le chiffre d’affaires des éditeurs et par conséquent la rémunération des diffuseurs.

Sommes-nous capable de nous poser les bonnes questions et de mettre en face les réponses qui conviendraient à l’ensemble des acteurs sans déshabiller l’un pour habiller l’autre. En effet, les diffuseurs de presse demandent à juste titre une revalorisation de leur rémunération, mais il ne faut pas oublier, que cette rémunération provient des commissions perçues sur les ventes des publications mises en dépôt dans les points de vente par les éditeurs.

Les publications mises en linéaire sont produites par environ 1150 éditeurs de presse toutes messageries confondues. Une cinquantaine d’entre eux dont les plus importants, trustent 99 % des postes au sein du CSMP et des Syndicats professionnels, et par conséquent prennent les résolutions qui leur conviennent au nom de l’ensemble de la profession. Les autres sont essentiellement des PME ou TPE qui ont le label d’artisans éditeurs et qui rencontrent les mêmes difficultés que les artisans diffuseurs, nous ne pouvons donc que partager leurs préoccupations.

Pour les éditeurs qui représentent la presse à centre d’intérêt, notre modèle économique se résume en trois chiffres :

– 54 % de frais de distribution
– 33 % de coût industriel (Impression, papier, façonnage et conditionnement)
– 13 % pour supporter les frais de structure et rémunérer les salariés (journalistes, personnels administratifs, logistique…)

De plus, nous devons faire face à des prestations complémentaires facturées en sus de notre coût de distribution qui ne sont pas toujours justifiées. Nous empilons les charges du coût du réseau sans en connaître la répartition réelle par niveau de prestation.

Notre situation est exactement la même que celle des diffuseurs, nous sommes des artisans sacrifiés.

Posons-nous les bonnes questions :

Faut-il augmenter la rémunération des diffuseurs : OUI
Faut-il sacrifier 1100 éditeurs : NON

A nos confrères diffuseurs, nous voulons dire que cette situation a été créée par leurs alliés (les 50 plus gros éditeurs) et par les mécanismes suivants :

1°/ Maintenir leurs marges en transférant les coûts sur les petits et moyens éditeurs (barèmes des messageries, pénalités sur invendus, prestations complémentaires)
2°/ Déblayer les linéaires afin d’être seuls présents (Assortiment – Plafonnement – réglementation)
3°/ Mettre en place des mesures démagogiques en promettant moins de travail aux diffuseurs.

Présents dans les conseils d’administration des messageries et du CSMP, ils détiennent tous les pouvoirs leur permettant d’atteindre leurs objectifs.

Ils sont atteints ; des centaines de titres ont disparu et continueront de disparaître.

Les commissions des diffuseurs subissent donc une baisse significative par ricochet.

Enfin, la « profession » (vocable commun à un ensemble hétérogène) prend des mesures en mettant en commun certaines fonctions des messageries (groupage transport et services informatiques) afin de faire baisser les coûts qui désormais touchent aussi les acteurs majeurs. Il est annoncé une économie de 2,5 points.

Dès lors, les traditionnelles tensions corporatives se mettent en marche afin de capter cette marge nouvelle.

Nous pensons au nom de nos adhérents et entreprises que nous représentons, qu’il serait suicidaire de ne pas répartir ce gain de productivité vers les éditeurs les plus fragilisés, ceux qui ont proportionnellement le plus contribué sur leur chiffre d’affaires des sept dernières années.

Aussi, il nous paraît indispensable que les 2/3 des économies leur soient restitués.

Probablement que le 1/3 restant aux diffuseurs est insuffisant. Dès lors se pose la problématique du partage de la valeur. Les petits titres paient leur distribution de 5 à 10 points de plus que les titres importants. C’est donc dans cette catégorie qu’il faut trouver la marge d’augmentation de la rémunération des diffuseurs.

D’autres pistes pour permettre l’amélioration de la rémunération des diffuseurs et artisans éditeurs pourraient également être explorées, à savoir :

1/ Suppression de l’assortiment

2/ Mettre en place des plans de restructuration des messageries afin de faire baisser leurs coûts d’intervention de 1 ou 2 points.

Nous demandons un colloque réunissant tous les représentants de chaque branche syndicale professionnelle ou collectifs afin d’engager un dialogue de transparence et de débattre de notre avenir afin d’avancer des propositions qui soient réalistes et équitables pour l’ensemble de notre profession.

L’engagement pour tous, c’est de conduire collectivement à une amélioration justifiée de la situation des diffuseurs, sans compromettre le marché ni accabler les éditeurs.

Pour le Syndicat de l’Association des Editeurs de Presse,
M. Roland Le Néel

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