Sur l’actualisation du schéma directeur du réseau des dépositaires de presse

Le 16 juillet 2012

Suite à la consultation publique du CSMP, nous avons déposer notre contribution sur l’actualisation du schéma directeur du réseau des dépositaires de presse

Dans notre contribution du 13 avril 2011 sur l’évolution du mode de rémunération des dépositaires, nous avions évoqué le fait que l’intérêt de tous les éditeurs est de défendre le réseau de distribution de la presse et de soutenir un niveau de qualité des prestations remplies par les dépositaires.

Aujourd’hui, le CSMP souhaite adopter, sur la base des recommandations formulées par le cabinet Kurt Salmon, une décision actualisant le schéma directeur de niveau 2 au regard de la situation actuelle de la distribution de la presse, marquée par une détérioration des ventes supérieures aux prévisions les plus défavorables retenues en 2009.

Dans son rapport du 28 juin 2012, le cabinet Kurt Salmon édite dans une annexe la liste des personnes rencontrées en tant que représentants des acteurs du niveau 2 (Dépositaires). Cette liste exhaustive fait apparaître que 31 personnes de la filière ont été interviewées dont 11 personnes représentantes des messageries et 14 représentantes de la PQN, PQR et des Groupes de presse magazine (Prisma presse, Mondadori, Lagardère et Bayard).

Ce qui signifie qu’aucun syndicat de la presse magazine n’a été entendu sur le sujet. On peut supposer qu’a été considéré comme quantité négligeable le nombre d’éditeurs de presse n’appartenant pas à de grands groupes, qui représentent pourtant les 2/3 des sociétaires toutes messageries confondues.

Sachant que le CSMP souhaite faire bénéficier les éditeurs d’un outil le plus performant possible pour vendre leurs titres, on peut comprendre et approuver qu’il soit nécessaire de rationnaliser la distribution sur le niveau 2 en réduisant le nombre de dépôts, qui devrait être ramené de 137 actuellement à 99 (hors distribution parisienne) d’ici 2015 afin d’optimiser les coûts fixes du réseau.

Mais les éditeurs ont subi depuis les rapports successifs de B. Mettling et de G. Rameix avec une première augmentation d’un point de commission pour soutenir le niveau 2 et récemment une deuxième augmentation d’un point supplémentaire dans l’objectif d’aider à résorber les pertes de Presstalis. Dans l’immédiat, le problème de la rémunération des frais fixes des dépôts n’a pas été réglé, le CSMP n’ayant toujours pas statué sur le sujet.

Bien entendu, le cabinet consultant n’évoque à aucun moment comment va être réparti, sur la base d’une rationalisation des coûts, le rapprochement entre les dépôts indépendants et les SAD, sachant que ces derniers ont un coût supérieur à ceux des dépôts indépendants.

D’ores et déjà, nous savons que le niveau 1 (messagerie) possède via ses filiales, respectivement,
50 % de part de marché du niveau 2 pour Presstalis et 28 % pour MLP. Les messageries vont encore augmenter leurs parts de marché et la maîtrise du niveau 2 en investissant sur les dépôts. Le schéma directeur, sur lequel doit statuer le CSMP, va donc se réduire à un copié collé de la répartition géographique de distribution qui se négocie en ce moment entre les deux messageries.

A qui va profiter la réforme ? Bien évidemment encore une fois à la poignée d’éditeurs représentant les plus gros volumes, qui d’ailleurs se sont réunis en dehors des instances professionnelles pour tracer l’avenir de « leur réseau de distribution », et in fine conformer à leurs intérêts l’ensemble de la filière à l’occasion de sa restructuration en mettant à leur disposition les deux messageries à traitement égal.

L’escamotage du niveau 2, totalement intégré et mutualisé entre les deux messageries, interdira de fait toute transparence de coûts de distribution déjà opaques, et supprimera toute possibilité de mise en concurrence de la part des éditeurs. Les deux messageries contrôleront ainsi en totalité le niveau 2 et donc le niveau 3 des diffuseurs de presse, sans que les éditeurs indépendants puissent exercer le moindre contrôle sur les instances de décision depuis longtemps verrouillées par un groupe d’éditeurs. L’intérêt de ceux-ci via leur contrôle direct de toutes les Assemblées générales de Messageries et structures institutionnelles de la presse à tous les niveaux est d’inciter à une restructuration « officielle » du réseau de distribution à leur seul avantage.

Encore une fois, la consultation organisée par le CSMP est un marché de dupe : malgré une volonté d’améliorer l’efficacité du réseau, les problèmes de rémunération du niveau 2 ne seront toujours pas réglés sinon en faisant appel à une contribution supplémentaire de tous les éditeurs, essentiellement pour financer la défaillance de certains dépôts et le passif d’une gestion catastrophique de la distribution de la presse quotidienne.

Nous rentrons clairement aujourd’hui dans un système d’entente illicite entre messageries et gros éditeurs pour servir l’intérêt particulier au détriment de l’intérêt général.

Nous restons convaincus qu’il est nécessaire d’empêcher que les gros éditeurs s’accaparent au final un réseau qu’ils ont contribué massivement à mettre dans les difficultés qu’il connait actuellement.
Et que la seule issue pour sauver ce réseau est de faire toute la lumière sur les coûts réels de distribution par niveau dans la plus grande transparence, sous la forme d’un audit officiel indépendant ne se résumant pas à des conversations avec les principaux acteurs du secteur, afin de disposer d’un véritable outil d’analyse financière du réseau, et permettre sa réorganisation structurelle en connaissance de cause.

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